Je suis, ma parole, à l'image de cette neige qui tombe et fond aussitôt, de cette blancheur qui n'arrive pas à sublimer le gris, de cette menace qui n'en est pas une : je n'arrive à me réjouir de rien de ce que je fais (de bien).
Je devrais pourtant être contente : Clopin "s'y est mis", et les premières images du film sont à la hauteur de nps espérances, je trouve. Le prologue, surtout, est si percutant qu'à mon sens, il faudrait avoir les yeux bouchés pour ne pas en voir la beauté. Et, un bonheur n'arrivant pas seul, Clopin me suit dans mes choix musicaux (pour l'instant !)
Je suis partie du 17è siècle - normal, pour une histoire bocagère, rurale, française ! Et je compte bien arriver à mes fins, à savoir utliser en alternance Rameau et Couperin. Certes, pas au clavecin - ce serait le mieux, mais c'est comme l'orgue : les oreilles contemporaines ne peuvent hélas vaincre tous leurs préjugés à la fois. Cependant, déjà, des transcriptions piano, guitare, voire une curieuse adaptation des Indes Galantes avec hautbois, harpe et violon - nous avons là, vraiment, tout ce qu'il nous faut.
Les tout premiers essais m'ont enthousiasmée, et je devrais être satisfaite. Bé non. Est-ce parce que je suis, depuis si longtemps déjà que j'en perds le souvenir, bancale, claudicante, sûre de rien et surtout pas de mon lendemain ? Est-ce à cause du climat tendu de la maison, de ces reproches trop vivement émis, trop durement reçus ?
Je voudrais me détacher de ce film, je crois qu'il en est temps. Il appartient avant tout à Clopin, et c'est un mauvais service que je nous rends en ressentant ces images trop intensément, comme je le fais.
Certains pas de côté ne se font pourtant pas en sautillant légèrement : et me voici aussi lourde qu'un sillon d'hiver, encombré d'une neige fondante et glacée.Rien de fort agréable, quoi - et c'est tristement ironique, mais ce que je viens d'écrire est AUSSI la première image de notre film !