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14 octobre 2015 3 14 /10 /octobre /2015 14:40

Je ne suis pas issue d'un milieu orgueilleux, et, la religion aidant, toute expression naïve d'un contentement de soi était assez mal venue, autour de la table familiale.

C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai en commun avec ma grande soeur : je l'ai vue réprimer un sourire moqueur, quand, du côté de chez Clopin, on "étale" sans malice les vertus de tel ou tel enfant de la famille. Chez nous, il n'était pas question de ça : au contraire, on minimisait quasi-systématiquement les mérites des enfants - et même les grandes personnes étaient sommées de ne pas trop "la ramener".

C'est donc un pli que j'ai pris, à force, et qui fait partie de ma célèbre problématique : est-ce que je fuis les compliments parce que je ne pense jamais les mériter, ou parce que, au contraire, ayant été quelque peu sevrée de cette manne, je les recherche trop ?

Bon, ce n'est pas aujourd'hui que j'aurai ma réponse, mais en tout cas, la dernière séance publique des "racines et des haies" aura encore été l'illustration de cette souffrance, chez moi, qui provient de ce que j'appelle "'des blessures d'orgueil".

Car s'il y a une chose que je ne renie pas dans ce film, c'est son illustration musicale, que j'ai choisie soigneusement. J'ai choisi de la musique baroque française du 18è siècle, parce que cela découlait à mon sens du propos du film : songez qu'on y explique l'âge d'or du bocage brayon, situé... au 18è siècle...

Couperin, Rameau, donc, mais pas n'importe quoi, pas n'importe comment : car si l'on évoque le passé du bocage et de ses "racines", il est question surtout d'aujourd'hui et de ses "haies" : alors, du baroque certes, mais revisité, "contemporanéisé" en quelque sorte. Des morceaux de Couperin, mais transcrit du clavecin à des instruments plus modernes...

J'avais déjà les célèbres "barricades mystérieuses" dans une transcription "piano", utilisée en page d'accueil du site de Beaubec Productions. J'y ai ajouté une transcription "guitare", encore plus douce, et qui accompagne désormais le générique de fin (qui est ainsi "sublimé" et qui le mérite, car ce générique est aussi comme une scène du film à lui tout seul).

Et puis je me suis souvenue du clip "tic toc choc" de Tharaud. Cet étonnant mélange (tout ce que j'aime) entre classique, modernité et "ouverture" : songez qu'un danseur de hip hop y déploie une grâce inattendue. Tenez, le lien est là :

https://youtu.be/XMD6xBIXSWo

(le danseur apparaît à 2 mn 12). C'était pile poil ce qu'il fallait !

Et puis, ma plus belle trouvaille, ça a été d'illustrer une scène du film par l'entrée des sauvages des Indes galantes, de Rameau. Parce que c'est un morceau "martelé" : Rameau, qui avait l'habitude des danses de cour, des menuets dansés avec des chaussures à talon (et les hommes portaient des talons en ce temps-là), y déploie une musique de danse de "pieds nus", venant de la musique indienne des plaines, où l'on dansait pieds nus, en "martelant". Et là aussi, c'était pile poil ce qu'il fallait pour le propos du film.

Je suis, moi qui suis plutôt "sûre de rien", je suis donc persuadée à la fois de la pertinence de mes choix, et de la beauté des musiques retenues.

Oui, mais voilà. A la dernière séance publique des Racines et des Haies, à Forges-les-Eaux, (autant dire "chez moi"), le réglage du son a été opéré juste un quart d'heure avant le début de la projection. Et ce qui devait arriver arriva : une des deux enceintes audio de la salle rendit l'âme, semant la mort dans la mienne, d'âme.

J'ai senti la rage monter à toute vitesse jusqu'à ma bouche, et la colère en sortir : non, ce n''était pas possible, on ne pouvait pas bousiller tout ce travail en acceptant un son "mono"...

Les copains ont bien essayé de me calmer : ce n'était pas "si catastrophique" que ça, on entendait quand même clairement les dialogues, c'était bien là le principal, tout allait bien...

Ca ne faisait qu'augmenter ma rage, et ma déception. J'ai commencé à dire que Clopin ne se résignerait pas si facilement que cela, s'il s'agissait, non du son, mais de l'image. Dans quel état serait-il, si, par exemple, le film était projeté sans la couleur bleue ?

Ce n'était pas la même chose, m'expliqua-t-on - le son, on pouvait s'en accommoder. Je ne devais pas oublier qu'il ne s'agissait que d'un documentaire, et que c'était le message qui était important, pas l'outil.

Certes, je dus me rendre en maugréant à cet argument, (d'autant que je n'avais pas le choix, il y avait 250 personnes assises dans la salle) mais cependant, j'étais blessée à vif.

Non à cause du dommage causé au film, mais à cause du dommage causé à mon travail, c'est-à-dire à mon orgueil...

Eh oui, ma mère, tu n'y es pas arrivée jusqu'au bout. J'ai bien appris qu'on devait être humble, modeste, qu'il ne fallait surtout pas chercher à attirer l'attention sur soi, qu'il convenait de tendre timidement la patte et d'être reconnaissante des caresses offertes. Qu'une catholique doit avoir quelque chose de canin....

Je n'en suis pas moins un monstre d'orgueil.

Mais d'un autre côté, comment faire, si l'orgueil, en l'espèce, est légitime ?

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