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18 janvier 2014 6 18 /01 /janvier /2014 12:02

Je suis de retour d'escapade à Paris, où j'ai passé deux jours et une nuit, dans le si joli petit appartement du Clopinou, fort bien situé pour profiter de ce que la Grande Ville peut offrir. 

 

Comme le Clopinou en question a une très nette tendance, en ce moment, à rappliquer dès qu'il le peut dans la bonne ville de Rouen, c'est-à-dire dans le studio d'une jeune fille de sa connaissance, la place est libre...

 

Et puis cet appartement fait naître chez moi  un sentiment de nostalgie :  il ressemble à ce que j'ai tant désiré, jeune fille. Songez qu'il est situé à deux pas des Buttes-Chaumont (Clopinou en a soupiré d'aise "ah, je vais quand même voir un peu d'arbres et de verdure"), et qu'hier matin, j'ai entendu un oiseau chanter ! En plein mois de janvier ! Il est au troisième étage sans ascenseur, mais des jambes de 20 ans s'en moquent bien (les miennes, un peu moins). Propreté totale de l'escalier en bois, porte blindée : on entre sur un minuscule palier bien éclairé (première fenêtre), qui dessert, à main droite, un wc (avec une petite fenêtre opaque), à gauche, la "grande" pièce principale, avec une troisième fenêtre, mais grande, celle-ci, et ornée de grilles de balcon qui la rendent pareille aux fenêtres de Courbet ou de Caillebotte. Le sol de la grande pièce est  un vieux parquet foncé, la cuisine est carrelée, la salle d'eau aussi. Le lit (deux places) est suspendu au plafond, avec une échelle que l'on détache et pose au mur, pour dégager le maximum d'espace. A droite, une sorte de cuisine-couloir, toute équipée, avec une fenêtre juste au-dessus de l'évier. Au fond, une porte en accordéon donne sur un cabinet de toilette (douche, petit lavabo), lui aussi équipé d'une fenêtre opaque. Les murs sont blancs, les nombreux placards ont gardé leurs portes de bois sombre, tout le reste est refait à neuf. Cinq fenêtres pour 28 m2, quel luxe ! Et le profond silence de l'appartement (qui donne sur des cours intérieures) me paraît tout aussi luxueux. Un rêve d'étudiant... Je repense aux chambres miteuses et glauques de ma jeunesse. Clopinou a bien de la chance, je trouve.

 

D'autant qu'il ne mérite pas un tel écrin : oh, ce n'est pas qu'il ne travaille pas (il est l'un des meilleurs de sa classe préparatoire, ce qui est de bon augure pour la suite), c'est qu'il est partidulièrement incapable de tenir son logement dans un état satisfaisant. 

 

 

Je sais que mon garçon a été particulièrement mal élevé en la matière : nous avons eu tendance à ne lui demander qu'une seule chose, des résultats scolaires... qu'il nous a d'ailleurs fourni avec une grande largesse, je le reconnais.  Je sais aussi qu'il n'est pas le seul dans ce cas. Et je sais enfin que l'on change sur ce point. Perso, c'est vers trente ans seulement que j'ai compris qu'il valait mieux s'astreindre à quelques corvées quotidiennes, plutôt que de laisser s'accumuler, avec l'incurie, le désordre et la crasse. Mais je n'ai jamais atteint le point d'inconséquence de mon fils, qui laisse entrevoir , non seulement son indifférence, mais l'abîme de son ignorance sur l'économie domestique la plus ordinaire.

Clopinou est capable de couper l'électricité, en partant pour 15 jours, "pour faire des économies"... Et en laissant des aliments dans le réfrigérateur fermé ! IL est aussi capable d'acheter un kebab, ou des frites, ou de la soupe en boîte,  et de manger... dans son lit, en laissant traîner les reliefs à même les draps, ou  sur la planche qui sert de garde-fou et de table de chevet. Et pour couronner le tout, s'apercevant sans doute qu'un appartement non nettoyé et rangé provoque, à terme, quelques inconvénients, il achète, en guise de bonne conscience, des bombes de déodorisant : totalement Inefficaces, bien entendu, on se croirait dans un chenil... Il ne comprend pas  non plus qu'une douche se nettoie de temps en temps. Seules les toilettes semblent correctement gérées : il a au moins compris le maniement du balai à chiottes (j'ai eu une copine qui avait, dans la pièce en question, accroché un petit panneau : " cette  semaine : donne des cours de balai à chiottes. Semaine suivante  : donne des coups de balai à chiottes").

 

Ma première réaction, devant ce désastre, serait de refermer gentiment la porte et de m'en aller de là. Que Clopinou mijote dans son sale jus, puisque c'est ainsi qu'il entend vivre !  Sauf qu'il faudra bien le rendre un jour à son légitime et heureux propriétaire, ce petit bijou d'appartement. Et j'entends bien récupérer ma caution... Et puis je me sens coupable de n'avoir pas inculqué au Clopinou les notions élémentaires d'hygiène. Sans rire, la culture des moisissures de son frigo ferait la joie d'un biologiste, qui repèrerait sans aucun doute une belle collection de bactéries (fort dangereuses à mon avis). Enfin, l'appartement me plaît tant que je ressens les mauvais traitements de mon fils comme autant d'outrages.

 

Vous m'avez comprise : en soupirant, en le maudissant et en me blâmant, je m'y colle. Et les escapades officielles sont, officieusement, l'occasion de tout nettoyer, aérer, récurer, de récupérer le frigo et la douche, de changer le linge de lit en allant le nettoyer à la laverie, bref, de faire ce que mon Clopinou ne fait pas.

 

Je suis pourtant un peu injuste : en décembre, prévenu suffisamment à temps de mon arrivée, mon fils avait nettoyé son appartement "nickel chrome", et un énorme bouquet de fleurs m'attendait, plongé dans une bouteille plastique qui servait de vase. Preuve que le jeune homme sait ce qu'il faut faire. Il me dirait sans doute "n'avoir pas le temps". C'est vrai qu'entre ses cours et son amie...

 

Cela a raccourci un peu mon temps de loisir parisien, et du coup, je n'ai pas cherché longtemps, je me suis laissée guider par les énormes publicités du métro, qui vantaient l'exposition Brueghel à la Pinacothèque ; j'en ai été plus qu'enchantée. Eblouie, oui.

 

J'avais déjà vu des toiles de Brueghel au musée de Lille, et aussi à Sienne. Et je suis allée "exprès" à Madrid, pour contempler le jardin des Délices de Bosch. Mais à la pinacothèque, dont je n'ai pas bien saisi le statut, car ce n'est pas un musée national, les toiles exposées étaient "inédites", en quelque sorte : elles n'avaient pas servi d'illustration aux livres de classe, aux Lagarde et Michard, qui les premiers m'avaient offert la vision des Riches Heures du Duc de Berry, ou de la Dame à l'Hermine et donc du repas de noces (avec ce pied "de trop" du serviteur qui apporte le pain) d'un Brueghel dynastique, Pieter je crois.

 

Car l'intérêt de l'expo tenait dans le fait que c'est toute la famille, sur 200 ans, qui était représentée dans des toiles sorties de collections privées ou du musée de Tel-Aviv.

 

Je crois que j'ai été conquise dès le premier panneau explicatif, qui donnait à voir l'arbre généalogique de la famille. Comment résister à des peintres qui s'appellent, pour l'Ancien  Pieter : " dit le rustique, le drôle et le vieux", et pour

l'Ancien Jan : "dit de velours, de paradis et de fleurs", et dont les oeuvres suivent fidèlement le programme de leurs surnoms ?

 

Clopin va lui aussi partir à Paris, dans une semaine ou deux (pour l'instant, il remplace la vieille moquette de l'étage par un parquet qui sera aussi superbe qu'à Versailles, dirait-on). Il aura, pour ordre de mission, d'aller lui aussi voir les Brueghel - et je sais d'avance qu'il en sortira aussi ravi que moi. La partie "vie quotidienne et rurale dans les Flandres du 16è et 17è siècle" va l'enchanter, pour sûr...

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