J'écris de chez mon voisin : notre téléphone et donc notre connexion internet sont en rade. Un petit caillou de plus dans notre sac 2012, déjà bien rempli de poids divers, allant jsuqu'à l'enclume... Bon, autant vous dire qu'après les remous dits du "bac de Clopinou", j'ai un peu de mal à détacher mon esprit du jeune homme en question. Je gamberge, quoi, et j'en suis arrivée à la conclusion, bien banale certes, que les pommes ne tombent pas bien loin de l'arbre. Un exemple:
Clopinou, au sortir d'une leçon de code, en frissonnait encore : "tu te rends compte que la gérante m'a attrapé parce que je sortais une minute avant la fin ? Mais franchement, s'est-elle seulement demandée si je dérangeais - ou non, la séance ? Non, elle veut juste que tout soit formaté, c''est tout. Ah franchement, je n'en peux plus, tu sais. Je ne supporte plus l'autorité des cons, les règlements imbéciles et la façon imbécile de les appliquer. Je crois que j'ai un vrai problème, avec l'autorité..."
J'ai beau, à ce moment-là, l'interrrompre pour lui rappeler les bienfaits de l'obéissance, quand elle est consentie grâce à la raison, lui rappeler que ses aînés ont dû, eux, se taper ce qu'il y a de pire dans l'arbitraire de l'autorité, à savoir le défunt "service militaire", le mettre en garde contre l'orgueil intellectuel, la présomption, que ses révoltes mettent au jour, lui enjoindre la patience en un mot, je ne sais que trop d'où lui vient ce haut-le-coeur : je m'y reconnais toute. Moi aussi, j'ai du mal avec tout ce qui est règlement. Et la discipline de groupe m'a toujours été parfaitement inaccessible. La peau de Clopinou se tend sous les ordres, et frémit de révolte. La mienne, après tant d'années, en est restée zébrée.
Je connais trop la souffrance des Jude l'Obscur, pour ne pas craindre pour mon fils l'insubordination devant une autorité "illégitime", c''est-à-dire non fondée sur la compétence ou le savoir. Et je sais trop, aussi, la malveillance de ceux qui ne supportent pas qu'on se cabre devant eux. Je crains donc le pire pour Clopinou, cette pomme tombée si près de mon arbre, et je voudrais qu'on détruise toutes les cordes que tous les petits chefs du monde utilisent, pour pendre les esprits rebelles aux branches de leurs minables pouvoirs.
Mais bien entendu, je serre les lèvres, je garde le silence, je tente de calmer le garçon, et ne peux que lui conseiller de continuer d'avancer : c'est la seule réponse, le seul rempart, contre la bêtise des ordres établis...