Des films de Jane Campion, qui m'ont bien évidemment attachée corps et âme à l'oeuvre de cette femme, "un ange à ma table" reste l'un des plus fascinant. C'est sans doute à cause de lui que les livres de Janet Frame foisonnent à ce point sur mes étagères - le film est en effet une très fidèle adaptation de l'oeuvre de l'écrivaine, diagnostiquée à tort comme schyzophrène au début de sa vie. "Un ange à ma table" est en tout point remarquable, mais la scène la plus frappante, qui m'a marquée plus que je ne saurais dire, n'est pas écrite dans le livre - et éclaire en trois plans la douleur de l'absence.
C'est le moment où l'héroïne revient dans sa maison natale, commence à ranger et trier les affaires, et tombe sur les chaussures de son père défunt. Figurez-vous qu'internet me permet de l'inscrire ici, cette scène qui, pour une fois, me voici obligée de l'admettre, m'apparaît comme au-delà des mots (ce que je rencontre rarement !) - elle est ici très fugitive, mais, malgré sa rapidité, sa force me semble rester intacte. Contrairement à moi, qui n'en sort certes pas intacte !!!