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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 11:34

Vous ai-je raconté que nous avons (enfin) remplacé la vieille moquette pourrave des chambres par un superbe parquet de chêne ? Oui, bien sûr, puisque j'en suis vraiment contente, et fière, comme d'hab', du résultat. Mais par contre... Le petit pincement au coeur ressenti hier au soir n'était pas prévu au programme...

 

Je crois que tous ceux qui, dans un grand élan, changent la disposition de leurs espaces intérieurs ressentent la même chose : à savoir "faire de la place", envoyer au diable, en même temps que la poussière accumulée, les mauvaises petites habitudes qui aboutissent à caler l'armoire avec un pauvre livre ainsi martyrisé, à garder une roufougnousse particulièrement hideuse ou, simplement, à laisser sous la table de nuit les emballages de chocolat grignotés dans le silence complice de la nuit... Au diable tout cela ! Il y a, dans l'installation d'un nouveau mobilier, literie ou parquet, comme une envie de grande lessive, de ménage-à-fond, voire de nouveaux départs moraux. Des bonnes résolutions pour ces petites révolutions !

 

Ainsi Clopin, dont la chambre fut finie la première, a lui aussi été contaminé par l'aspiration du vide. Brayon pur sucre, et donc imprégné d'une obligation aussi morale qu'inflexible "il ne faut RIEN jeter, TOUT peut servir", il gardait donc  tous ses vêtements, dont certains remontaient allègrement avant l'apparition d'internet voire même de  la couleur à l'ORTF (c'est dire). Il faut reconnaître  aussi que sa morphologie n'a que fort peu bougé au fil des ans (pas comme la mienne, snif), ce qui lui permettait d'envisager encore la possiblité de revêtir certaines superbes chemises à carreaux, raidies, grisonnantes et ayant fait largement leur temps... et autres petites tenues fleurant bon les trente dernières années..

 

Bref, il a fait du tri. Pas moins de quatre à cinq énormes sacs poubelles sont ainsi partis à la recyclerie. De l'air, vous dis-je, et je l'approuvais sans réserve, moi qui, a contrario, ne garde jamais plus de cinq  ans les quelques pièces de  ma fort modeste garde-robe, et peux tout jeter sans une larme. J'ai sous ce rapport une aspiration à l'ascétisme, et un de mes voeux serait de ne posséder que deux tenues, interchangeables et uniformes, ce qui m'éviterait d'avoir à me poser des questions... Bref.

 

Le problème est que ma chambre aussi a été finie, et qu'inexorablement, il a fallu ranger, trier, faire que toute la chambre  soit conforme au nouvel esprit du parquet : à savoir lisse, ciré, agrandi et spacieux...

 

Eh oui. Moi, ce ne sont pas les fringues que j'ai dû jeter, mais bien... Des livres.

 

Oh, j'ai évidemment sélectionné les doublons, puis les agaçants ("l'hypothèse des sentiments", par exemple, regrettable, inutile, snobinard et complètement creux ouvrage du papa Enthoven, fut un des premiers déposés dans la caisse), puis ceux qui tombaient en poussière et enfin ceux dont le titre ne me disait plus rien du tout.

 

Et puis j'étais soutenue par la vision de ma liseuse, toute fine et tenant si peu de place sur la table de nuit, dont la minceur extrême recèle pourtant, potentiellement,  tout le contenu des rayonnages  d'Alexandrie et des alentours...

 

Je n'ai pas pu, malgré leur poids et leur encombrement, jeter un seul des dictionnaires. Et pourtant, franchement, entre taper sur google et aller laborieusement tirer le Larousse d'entre les étagères, y'a pas, y'a plus photo, non ?

 

J'ai eu  beau ainsi me conforter dans ma décision, m'en féliciter presque, en tout cas m'y tenir fermement, n'empêche que...

 

J'ai honte.Un peu, certes, mais  honte quand même.

 

Il me semble que les couvertures des survivants, sagement rangées sur les étagères, me suivent désormais des yeux, comme les cariatides de Cocteau suivant la Belle au château de la Bête : Qu'ai-je fait donc, en ME SEPARANT DE MES LIVRES (qu'il me faudra donner, en plus !)? Me voici coupable, et du pire : d'une traîtrise à moi-même   - comme un loup qui poserait un piège, à sa propre patte tendu.

 

 

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