Ce matin, je pensais à ce blog et à ma paresse à le nourrir en ce moment. Eh oui, mon blog me fait penser aux animaux que je dois nourrir - parfois c'est très plaisant, très gratifiant, de donner à manger aux autres : le chat ronronne, le chien me regarde avec ses yeux humides, les poules se précipitent, ces connards de moutons arrivent en entendant les grains dans la gamelle, la petit ânesse se rapproche, pour manger sa carotte, jusqu'à me laisser la caresser... D'autres fois, c'est une corvée faite mécaniquement, et vlan que je te fiche les croquettes dans les écuelles, et zou que je balance le grain par-dessus la clôture, et hop que je t'envoie le chien sous la table pour qu'il arrête de me bouffer la moitié de mes petits Lus (eh oui, le matin moi c'est petits Lus et compagnie), bref, parfois je nourris ce blog en pensant sérieusement le refourguer à la SPA des blogs.
D'autant qu'internet, censé abolir les distances, permettre des rencontres fabuleuses, ouvrir de nouveaux horizons et te gorger d'informations et de savoir, durcit encore plus les rapports humains, je trouve. C'est la loi de l'offre et de la demande : quand, dans les temps reculés où nos grand'mères trimaient du matin au soir dans un périmètre de 3 km, les différentes circulations étaient réduites au minimum, non seulement on avait évidemment tendance à sourire au colporteur, mais encore on écoutait avidement les histoires des voisins, on était contents quand il se passait quelque chose près de chez soi, on était preneurs, avec appétit, quoi... Maintenant, avec internet, on est plus exigeant, plus dur avec ce qui vous est proche - on en a moins besoin. Le sourire se fait rare, quand le clic se multiplie, quoi. Et puis les portables ! Désormais, tu peux être assis à une table, ton voisin participera à la conversation mais, en même temps il tapotera toutes les deux secondes ses SMS - à croire que le vieux rêve de l'ubiquité se transforme en cauchemar communicationnel.
Bon, je dis ça mais je ne suis pas objective, hein. Ca se trouve, un de ces quatre , je vais te concocter de la gastronomie bloguesque telle que mes internautes visiteurs me regarderont eux aussi avec des yeux humides. Mais en ce moment, disons que je m'autorise du surgelé, voilà. Et encore. Pas sûr que je descende ouvrir le congélo à la cave...
PS : le dernier Chevillard est très bien.