Qu'ils sont donc légers, tous ces poètes ! Même lorsque leurs corps sont un peu épais, comme ici, Apollinaire au milieu du tableau de Marie Laurencin (toujours fine, elle, et de tous les côtés...) :
Mais le poids ne fait rien à la légèreté : la plume apollinairienne ne se mesurait guère qu'en calligrammes...
J'y pensais tout à l'heure, en regardant le vert des prés normands. Ils ont beau avoir été "rincés", comme on dit par ici, rincés de pluie ces derniers jours, il suffit d'un rayon de soleil, dans l'air encore humide, pour que tout ce vert devienne brillant, d'une brillance particulière que je n'ai vue qu'ici. Bien loin des verts gris des oliviers, empoussiérés de chaleur. Les arbres, les prés, les herbes, après la pluie brayonne, reluisent, se redressent, et vous font gaiement cligner des yeux. Le vert serait-il donc une couleur de poésie ?