J'ai déménagé (pour un temps) dans la petite chambre d'amis au fond du jardin - cela me permet de récupérer un peu, et aussi, surtout, de pouvoir m'isoler quand je le souhaite. J'ai toujours poursuivi, sans jamais l'atteindre ou si rarement, le rêve de Virginia : avoir une chambre à soi. Et je m'aperçois qu'après plus d'une trentaine d'années où, jour après jour, je suis allée gagner ma vie, je n'ai toujours pas atteint ce modeste objectif. Modeste et pourtant démesuré, peut-être - mais en tout cas, mon mois d'août sera ainis dépaysé : je me suis déplacée d'une petite cinquantaine de mètres !
Bien entendu, j'accueille volontiers tous mes visiteurs nocturnes, voire diurnes : Clopin en tout premier of course, le chien qui m'a instantanément suivie et dort désormais à mes pieds, le chat qui, plus circonspect, a longtemps reniflé la couette avant de consentir à se lover dedans. Seul Clopinou n'est pas trop le bienvenu, car je crois qu'il est grand temps qu'il quitte le nid familial - et que la dureté de nos rapports actuels m'est pénible. Il paraît (nos amis me le disent), que le processus est normal : sans doute, mais je le trouve bien longuet.
j'ai trimballé ma radio, planquée sous le lit, rapporté une petite télé qui marche de guingois mais m'en fous, je me suis achetée une douce et grise parure de lit (j'aurais préféré une colorée, mais il paraît que les années 2010 sont grises et chocolat), j'ai parsemé la chambre de mes quelques livres indispensables, je me suis promis de relire "les âmes fortes" de Giono et je me suis demandée ce que serait devenu cet écrivain, dans un pays de brume et d'eau. Le silence, la nuit, est impressionnant de ma nouvelle chambre solitaire...
Et je tourne autour d'une idée d'écriture, mais qui est encore si fuligineuse qu'elle ressemble à ses nuages lenticulaires qui peuvent prendre les formes les plus éthérées.
En tout cas, ce mini-voyage, qui se terminera en septembre, quand Clopinou sera à Paris, m'aura au moins garanti une chose : car me voici parée pour un été sans oiseux.