Lavande insistait : j'ai vu intouchables, et je l'en remercie. Ce n'est pas si souvent que les films traitent des tétraplégiques , ni ne font comprendre la vie qui peut bouillonner derrière une tête clouée à son fauteuil... Intouchables est donc un grand film populaire à bons sentiments, qui évite les violons et est plein d'énergie. Bien.
Mais c'est aussi un grand film populaire à bons sentiments, HELAS. Je n'ai guère aimé la caricature de la culture bourgeoise, moquée par Idriss, ni celle de la banlieue (ah ! la scène des "yo" entre potes du même immeuble) - comme s'il était à tout jamais impossible à un "djeune de banlieue" de dire autre chose que des conneries à l'opéra, ou encore d'échapper à la lamentable idée reçue "l'art contemporain est une foutaise, n'importe qui peut peindre une croûte abstraite et la vendre des mille et des cents". Certes, à la fin, Idriss utlise le vernis culturel acquis chez Philippe (qu'on nous présente comme "jeune aristocrate", alors qu'il est avant tout bourré de pognon, encore un cliché) pour s'insérer, en reconnaissant successivement un alexandrin et un tableau de Dali. Mais pourtant, le grotesque de la scène de musique classique ne disparaît pas des écrans, et conforte évidemment tous ceux qui rejettent violemment la culture, l'art... et l'éducation...
A cette réserve près, mais elle est de taille pour moi, Intouchables... est un grand film populaire plein de bons sentiments... Ce qui, il est vrai, n'est pas gage de réussite. Mais ici, elle est présente, surtout grâce aux acteurs ben tiens. Et notamment ce grand gaillard d'Omar Sy, qui ferait rire Jeanne Calment vers la fin !