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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 12:27

Je crois bien, ma parole, qu'à part une dizaine à peine manquant à l'appel,  TOUS les numéros de Charlie Hebdo sont présents dans la maison,  et ce, depuis 1969 : une malle pleine, une grosse pile et une plus petite, bien rangées, à côté du bureau, sur le palier. .


C'est vous dire à la fois notre génération, à nous deux Clopin et moi, et notre incapacité à repérer  quelle "Une" de Charlie pourrait bien nous avoir "le plus frappés" : elles nous ont TOUTES frappés. 

Ca se passait, je pense, chez nous,  à peu près comme chez tous les abonnés de Charlie. On attendait le mercredi, on descendait à la boîte à lettres pour remonter le journal, et autour de la table,  on faisait semblant de se le disputer. On se le "chipait", avant d'arriver à un accord raisonnable : on se partageait les feuilles... Avant de se les échanger... Et on lisait tout. Les éditos de Maris, les articles d'Onc' Bernard,  ben tiens, aussi !!!

On a vécu ensemble, voilà, je crois que cela résume à peu près notre parcours Charliehebdomadairesque. Ces derniers temps, comme on avait un peu plus de sous, on achetait aussi, systématiquement, les "hors-série" : "La vie de Mahomet" et celle de "Jésus" attendaient nos visiteurs, , posés sur un tabouret "dans les cabinets" (excusez-moi de préciser l'endroit, mais les Charlie,  EUX,  l'auraient parfaitement admis !) . Histoire d'avoir bien le loisir de les lire !  A côté, dans l'étagère au-dessus, un peu à l 'écart à cause des petits n'enfants, des opus de Maurice et Patapon... pas trop déplacés non plus ceux-là, dans cet endroit stratégique...  

Ce sur quoi je fonçais jusqu'à ces dernières semaines, sitôt ouvert le journal, c'était sur la "Vie des Jeunes", de Riad Sattouf. (au fait, quelqu'un a des nouvelles de lui ?) Je trouvais qu'il était vraiment le fils spirituel de Reiser, et j'ai été triste quand il a quitté l'équipe... Mais  au moins, il est vivant...

Comme Riad, comme tant d'autres chez Charlie, ce qui me confond le plus niveau talent, c'est cette capacité à nous VOIR, nous autres. Comprenez-vous ce que je veux dire ? Les caricaturistes nous regardent, NOUS TOUS,  dans la rue, le métro, au boulot ou en vacances, partout. Ils nous voient et d'un coup de crayon, ils nous volent nos identités, et les restituent telles qu'elles sont véritablement. Qui a dessiné  le Grand Duduche que nous avons tous été, et notre "beauf", celui que chaque famille possède ? Qui  a (enfin) soulevé  les jupes des filles, qui nous a écarquillé  les yeux devant l'état du monde ? Qui a dénoncé sans relâche, avec l'humour comme seule arme, toutes les langues de bois et les langues de putes qui s'adressent continuellement, depuis les robinets des médias, à NOUS ? 

... Je voudrais dire aussi que , Cabu, Wolinski, Honoré, Maris Charb et les autres  ne sont pas les "premiers morts" que nous avons vécus, nous les lecteurs abonnés de Charlie. Clopin avait filé, l'an dernier, aux funérailles de Cavanna, parce que... Parce que, quoi. . Et quant à moi... C'est à Michel Polac, qui a tenu un temps la rubrique "livres", que j'avais adressé le texte d'une petite nouvelle que j'avais écrite, il y a une dizaine d'années, et c'est Polac qui m'a répondu que oui, il fallait que je continue d'écrire...

... MAIS même si la vie continue, même si Charlie continue, même si l'intelligence, la liberté et l'insolence sont et seront toujours les plus fortes, ces derniers morts-là, comment faire ? Comment leur dire adieu ?

 Nous sommes tous Charlie, c'est entendu. Mais nous,  Clopin et moi, un tout petit peu plus que les autres, il me semble.
On a pas mal réfléchi, lu les réactions et les commentaires... De ce flot ininterrompu, je retiendrai :
- la demande de Gérard Biard s'adressant aux politiques et aux médias pour qu'on n'utilise plus jamais les mots "laïcard intégriste", afin de ne pas qualifier les victimes comme leurs assassins
- l 'article de Nicola Gardères "la sale gueule" : "L’attentat contre Charlie Hebdo a la ale gueule de Renaud Camus, d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen. Il a la sale gueule de leur victoire idéologique."

- l'incroyable dignité et l'émotion des proches de Charlie, qui n'ont pas eu UN SEUL MOT de vengeance ou de haine...

- la nécessité, malgré les "récupérations", de marquer par un acte fort le rassemblement nécessaire de tous contre l'infamie.

 

NOUS ALLONS A PARIS DEMAIN.

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