Alors, voilà comment ça se passe, les dérapages qui transforment un blog en patinoire.
premier bout de commentaire, de talweg, il y a trois jours.
Musique moderato cantabile, petit saut type boucle piquée, glissade contrôlée jusqu'à l'angle sud de la patinoire :
"Eh bien , sur télérama , les autres com' expriment ce que j'en pense; je n'ai jamais été abonné mais je l'ai lu en bibli. Faut arrêter de leur donner vos sous, Clopine, c'est de l'asservissement volontaire à ce stade! Ne le prenez pas mal, ça ne veut pas dire que vous êtes une idiote inculte! là aussi, faut arrêter de vous enfumer toute seule, ça tourne à l'autocomplaisance! Vous avez bien assez de distance pour envoyer paître les Bégaudeau et autres Fargue... alors? Voulez pas vous lâcher un peu avec vos complexes?"
Mais voici le commentaire du commentaire de talweg par JC, il ya trois jours, où l'on note la brièveté sèche du double salco qui lui permet de soulever un peu de poussière de glace sous ses lames aiguisées :
"Talweg,
Demander à Clopine de renoncer à ses complexes " idiots" ? Mais voyons ... c'est la priver d'un passé qui la structure !"
J'interviens, passablement énervée certes, et je tente à mon tour la traversée de la patinoire en diagonale en petits pas plus ou moins bien équilibrés, mais ça devrait impressionner le jury quand même :
"Mon cher JC, vous savez, ce qui "structure" les gens n'appartient pas qu'au passé... Tenez, vous-même (si vous me le permettez). L'avidité avec laquelle vous vous penchez sur les marmites du web, dont les bouillons sont tournés si souvent par la longue cuillère infernale de sorcières invisibles, ne peut se comprendre à l'aide du passé : vous n'êtes pas, comme Obélix, tombé dedans quand vous étiez petit, vu qu'internet n'existait pas...
Qu'est-ce qui donc vous pousse, ainsi, à vous repaitre du spectacle des blogueurs-blogueuses - et à en profiter pour asséner, comme dans votre message d'hier - écrit en rouge, comne une maîtresse corrigeant une copie, une leçon de psychologie un peu sommaire (comme la guitare de Bobby Lapointe), sans plus vous soucier de ce que pourra bien ressentir celle qui vous lira ?
Bonne journée à vous pourtant, JC, et pourtant je subodore qu'il est en fait inutile de s'adresser à vous pour tenter de vous faire ressentir le déplaisir ressenti à lire votre message. Essayons pourtant : croyez-vous que parler de quelqu'un, chez ce quelqu'un, sans même s'adresser à lui directement, et en assénant des vérités psychologiques qui peuvent être blessantes (comme souvent les opinions des élèves de première année des cursus de psy : ce sont les pires...), puisse être ressenti comme un acte amical ou bienveillant ? Imaginez-vous en visite chez une connaissance, et vous adressant, devant elle, à un autre visiteur, pour asséner à haute voix une vacherie sournoise sur votre hôte ou hôtesse. Je suis sûre que vous estimeriez un tel comportement à sa juste valeur : une impolitesse confinant à la cuistrerie.
Je pourrais vous retourner la pareille (mais excusez-moi, je n'irai pas chez Pierre Assouline prendre d'autres à témoin de mon opinion sur vous, je vais vous la servir directement....) : vous que votre solitude insensée entraînera encore et toujours à venir "chez les autres" pour venir y faire en réalité ce que ma mère appelait "le mariole", demandez-vous donc ce qui vous structure... "
JC nous exécute alors une pirouette un peu casse-gueule, certes, mais qui devrait ravir le juge soviétique (merde, z'ont disparu ceux-là...) et en tout cas témoigne d'un louable effort de communication :
"Sacré Clopine !
Alors, quoi ...? On ne peut plus être franc sans passer pour cuistre ? Il faut enrober dans un joli emballage cadeau pour être bien reçu ? Pour dire ce que l'on ressens, il faut faire le courtois ? ... ce n'est pas ma tasse de thé !
Et rassurez vous, ce qui me structure, c'est une joie de vivre fantastique depuis l'âge de neuf ans. A cet âge là, je suis resté en vie de justesse, et dans le plâtre 6 longs mois, ça aide à mesurer les petitesses... ! Cette épreuve m'a donné le goût du sport, des études, de la musique, de la bagarre entre amis, de la société des idées et un amour violent pour l'action.
Quand aux blogueries, cela m'amuse beaucoup de me balader le matin et de remuer le merdier de la virtualité (y compris les trolls que j'adore). Pas vous ?
Intervention de Linaigrette, arrivant sur la glace avec l'intention d'allumer le feu, et apportant pour ce faire sa bouteille d'huile d'olive vierge première pression à froid :
"... vous voyez Clopine, des fois vous êtes casse-pieds mais des fois qu'est-ce que j'aimerais avoir votre répartie... comme vous exposez très bien ce qui cloche et insupporte chez ce JC toujours mal intentionné, coucou de bogs, méprisant, vulgaire (et chez moi dans ma campagne on dit) péteux!"
JC abandonne alors les patins et fonce enfiler les gants de boxe. Crochet du gauche :
"Il faut reconnaître, Linaigrette, que je rêve de posséder votre allure, votre charme, votre prestance, au lieu de trimballer ma vulgarité ...
A propos, on se connaît ? Non ?... Vous jugez un peu vite, alors ...!"
Tête de Clopine, se rendant compte que sa patinoire devient chaude bouillante. Intervention à l'huile de coude, histoire de remettre le tout sur feu doux :
Noble attitude de JC qui, se croisant les bras sur la poitrine et prenant l'air offensé d'un sénateur romain à qui l'on propose un peu d'empire sur lui-même, en appelle carrément à la constitution américaine :
"TOUT CE QUI LIMITE L'EXPRESSION LIBRE* EST UNE CONNERIE MAJEURE !
*au sens du premier amendement de la Constitution des Etats Unis"
Voilà, nous en sommes là, et j'aimerais assez que nous puissions y rester...
bises à vous, Lavande, Lizagrèce. Et très bonne journée !